LE JOUR D'AVANT... Un samedi soir sur la terre




Le message tombe à la tv, la radio, les réseaux sociaux, les sms, les messages.
Stade 3, La France est en apnée. Les commerces non indispensables seront fermés cette nuit, à partir de minuit.
Ce que le terrorisme n’a pas pu faire, ce virus est en passe d'y arriver. Nous faire mettre un genou à terre. La liberté en prend un coup et c’est toute notre "Way of Life" qui s’effondre. Les rideaux se tirent tandis que les minutes s’égrainent vers cet inéluctable compte à rebours.
Demain sera un autre jour.
Un mauvais film de science fiction qui se déroule en vrai et nous en sommes les acteurs principaux.
Il est 23h16. Le silence assourdissant vient nous heurter de plein fouet dans ce Beaulieu désert. C’est le règne de l’apocalypse, le monde du silence, le jour d’avant, le jour d’après, c’est une heure sombre, un ahurissement total ! La vie s’est arrêtée, suspendue comme un souffle qui attendrait d’être libéré. Mais ce n’est que le début de cette sombre période.
L’optimisme est mon bouclier, le sourire mon antidote.. ce soir...en vain, des armes tellement dérisoires face à ce qui nous apparaît comme un châtiment, cette épidémie qui inquiète, chamboule, panique et fauche chacun de nous.
Les vitrines sont éclairées. Mais pour combien de temps? l’illusion parfaite d’une soirée comme une autre qui est en fait le début d’une nouvelle ère, une nouvelle vie, une nouvelle façon d’appréhender le futur.
Beaulieu semble figé, vidé, une ville fantôme. Mon propre souffle me tient compagnie.
Et si je croise 2 âmes, c’est le bout du monde. Un « Bonsoir » s’échange comme des mots précieux qui voudraient dire « tu es témoin, je suis en vie et toi aussi ». Il y a autre chose ce soir, dans ces regards incrédules, la conscience de se sentir terriblement en vie et pourtant démuni dans cette nuit fantomatique d’où l’on s’attend à voir surgir un zombie.
Demain, le réveil sera amer, l’économie retient son souffle, l’Europe, le monde serre les fesses et attend tandis que l’humain, individuel, individualiste et décérébré mélange tout. Comme toujours.. c’est lui qui se conduira à sa propre perte.
Ce soir dans les rues de Beaulieu c’est la guerre, l’ennemi est retranché, peut être. L'allier est confiné, sûrement. Tout le monde s’épie et la rumeur gronde, enfle. Le monde est divisé. Les oui et les non, entre la peur qui gagne du terrain et les irréductibles qui résistent à la panique. Mais ce n’est qu’une affaire de temps la panique aura gain de cause et le monde tremblera au rythme des annonces et des chiffres.
Tandis que l’Italie chante aux fenêtre comme pour conjurer le sort, la France se relève tant bien que mal de sa gueule de bois, la nouvelle sent le souffre. Demain, sera le jour d’après, le premier jour d’une nouvelle vie, de nouvelles règles régies par un ennemi minuscule qui nous dicte nos conduites et qui veut diriger. Au jour le jour sera notre nouveau mode de vie. Et si après la quarantaine et le confinement nous sommes encore en vie… Peut être, peut être prendrons nous la mesure de notre chance, la conscience de l'essentiel.
Mais pour l’heure, il est minuit et la France vient de basculer

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