L'éternité de l'instant

Il me semble que je suis vide, peut être vidée. J'étais pétillante, pleine de vie de fantaisie, d'idées, de magie et je me vide, comme un ballon de baudruche qui se dégonflerai petit à petit par un minuscule trou.  Je suis un robot vide qui accompli ses tâches sans réfléchir, et j'ai l'impression que mon coeur autrefois, si tendre, si doux, est entrain de se durcir. Je n'aime pas cette personne, celle qui veut me remplacer. Je ne l'aime pas parce qu'elle ne sait plus parler que de ça, la maladie, la dépendance, les couches, les aidants, les infirmières, la mère, l'EHPAD, de toutes ces choses grises et terriblement anxiogènes. La COVID, à côté passe pour une douce joyeuserie ! J'en ai marre de raconter sans cesse les mêmes choses à tout le monde, ma mère, la maladie, la chute physique et psychologique. J'aimais tellement mieux parler de mes créations, mais que voulez vous que je fasse, lorsque quelqu'un qui me connait bien me demande "Ça

 Le 1er mars ça a fait 1 mois qu'elle a été opérée. En 1 mois, j'ai vu la dégringolade. Je ne pouvais pas imaginer la rapidité des choses, à quel point son état physique et psychique se sont dégradés. Elle est passée du "Tu crois que je reviendrais?" au silence, le regard dans le vague. Les personnes qui me rendent compte de leur visite me le confirment... elle est déjà ailleurs pendant que je me débats à trouver des solutions, des aides, des soutiens pour son retour à la maison lundi. Il y a ceux qui me disent qu'au mieux, ça va être infernal et au pire impossible. Je ne connais pas ma force. Il y a 7 ans vous m'auriez dit que j'allais affronter tout ça, je vous aurais dit que je démissionnais. Mais non, je suis là et je tiens, debout, le coup, le choc et j'avance sans trop me poser de questions.  Mais je suis épuisée émotionnellement. ce qui est terrible c'est que le monde continue de tourner, toujours aussi vil. Un monde où quand de l'argent