je suis vide

Il me semble que je suis vide, peut être vidée.

J'étais pétillante, pleine de vie de fantaisie, d'idées, de magie et je me vide, comme un ballon de baudruche qui se dégonflerai petit à petit par un minuscule trou. 

Je suis un robot vide qui accompli ses tâches sans réfléchir, et j'ai l'impression que mon coeur autrefois, si tendre, si doux, est entrain de se durcir. Je n'aime pas cette personne, celle qui veut me remplacer.

Je ne l'aime pas parce qu'elle ne sait plus parler que de ça, la maladie, la dépendance, les couches, les aidants, les infirmières, la mère, l'EHPAD, de toutes ces choses grises et terriblement anxiogènes. La COVID, à côté passe pour une douce joyeuserie !

J'en ai marre de raconter sans cesse les mêmes choses à tout le monde, ma mère, la maladie, la chute physique et psychologique. J'aimais tellement mieux parler de mes créations, mais que voulez vous que je fasse, lorsque quelqu'un qui me connait bien me demande "Ça va?". Lui dire "Oui tout va bien!". Cette réponse je la garde pour mes collègues qui ne connaissent pas ma vie, que je croise dans la rue, ceux qui n'ont un peu rien à faire que je sois au fond du trou, que je m'oublie.

Et puis je ne veux pas être cette fille que l'on va éviter par peur de l'entendre se plaindre, pleurer. Alors je parle à ceux que mon comportement, mes absences impactent au travail ou mes copines qui m'appellent pour me demander des nouvelles.

Maintes fois cette semaine je me suis dit "je viens écrire ici". Et chaque fois même excuse, je n'ai pas le temps (mais est-ce une excuse ou une réalité?), je suis trop fatiguée (une autre réalité) mais la vrai raison, c'est que je n'ai pas les mots... Je n'ai pas ce besoin viscéral d'écrire ce que je vis mais en même temps je sais qu'il faut que je le fasse pour laisser des traces pour un jour relire ce par quoi je suis passée. Ces mots qui pourront un jour me redonner la force et l'envie de me batte pour une autre raison, un autre combat à mener car un autre adversaire.

Mais avant tout, je crois que l'adversaire que je dois affronter, c'est moi, le moi et ses couches de millefeuilles. 

Le millefeuilles du moment a le gout acre de la culpabilité, une crème fouettée à la colère, sur un lit de rancoeurs saveur silence.

C'est un millefeuille d'émotions, de ressentis, de sentiments et de non dits. Et j'en bouffe tous les jours.

Pourquoi à l'âge où l'on devrait être le mieux, cette période ou les enfants n'ont presque plus besoin de nous, que nous avons un boulot qui nous plat, une vie plutôt sympathique, et des parents normalement pas trop vieux pour l'époque, patatras tout s'effondre et on est engloutis par ce tsunami d'évènements qui s'enchainent tellement que l'on n'arrive même pas à sortir la tête hors de l'eau, les vagues se succèdent et nous enfoncent chaque jour un peu plus.

Aujourd'hui, je suis vide de tout sentiment amoureux fougueux.. Il n'y a plus de place dans ce coeur meurtri. Vide de tout ressenti érotique, mon corps n'est qu'un amas de membres, de vicères, de peau et de chair, une enveloppe qui me contient. Ma tête est une machine, un disc dur que je crains défaillant à chaque instant, où les fichiers et les dossiers s'organisent dans une désorganisation méthodique. Les fichiers poubelles cohabitent avec ceux vitaux.

Oui, la semaine passée fut épuisante moralement.

Je me regarde dans la glace et de nombreux fils argentés ornent mes tempes.. je ne les colorerai pas.

Mercredi midi, pour reprendre le présentiel, après être montée 3 fois dans la matinée chez ma mère, à 12h50, je me susi enfin regardée.. zut, j'ai oublié de me maquiller. Tant pis.

Je fini par m'oublier.

Je sais qu'il ne faut pas.

Commentaires

Françoise a dit…
Bonsoir Barbara
Déjà de pouvoir mettre des mots sur tes émotions, tu as raison de le faire, t'aidera à traverser cette période difficile. Dis toi bien que tu retrouveras un jour l'envie, l'envie tout court, car ta vie est loin d'être finie. Accepte pour l'instant ce qui se passe, dis toi que cela ne durera pas, qu'il y aura autre chose après. Tu as tellement de belles choses en toi, j'adore tes créations. Courage ma belle. Je t'embrasse très affectueusement.
Gine a dit…
J'ai ressenti ce sentiment de vacuité et de grande fatigue, mais je lutte pour ne pas vivre vieille avant l'heure, sans endosser la vieillesse de ma mère! Ce n'est pas tous les jours facile, et j'ai aussi craint de ne parler que de mes soucis devant tant d'amis qui ne comprennent pas cette prise de tête. Il m'a fallu du temps pour réagir, mais je me suis obligée à rester créative, même si parfois la légèreté dont j'aime me prévaloir me "pesait". J'ai retrouvé une joie de vivre - fragile, je le sais - mais que j'essaie d'entretenir, jour après jour, dès le réveil. Parfois, ça ne marche pas, mais d'autres jours, c'est du pain béni! Amicalement
barbara a dit…
De vous lire toutes les deux me fait du bien.
Françoise ma fidèle... je sais qu'un jour ça reviendra, ce n'est sans doute pas loin. mais tu as raison.. c'est l'envie tout court qui me manque... Pour l'instant même si les choses qui se sont mises en place depuis près de 15 jours commencent à me laisser un peu plus de liberté, je susi un peu toujours dans cet espèce de vide et manque d'élan pour faire des choses qui me font du bien. Je me trouve des excuses pour décliner les balades malgré un beau soleil (le vent est trop frai :) )et je resterais bien volontiers sous la couette des journée entière. Alors je ressors mon papier et ma colle et je me force.. je crois que c'est ça aussi le secret, se forcer mais parfois aussi s'écouter quand le corps te dit "Repose toi"...

Gine.. ah merci d'être là aussi avec tes mots qui m'ont fait monter les larmes. Et je lis dans tes mots quelqu'un qui pourrait me faire penser à moi. Oui comme toi, j'essaye de ne pas être une vieille avant l'heure.. tu as bien raison de d'astreindre à la créativité, je crois que c'est LA solution.. jusqu'à maintenant, je n'y arrivais pas. Là, je commence comme je dis plus haut à Françoise, à entrevoir un peu de répit. je vais peut être m'y remettre tout doucement.. en fait, je crois que le rideau que j'avais mis sur tout ce pend de ma personnalité est un peu moins opaque et laisse passer quelques filets de lumières, de ceux qui nous inspirent, nous chauffent et nous montrent la voie. Mais comme tu dis, je suis aussi consciente que tout ça est bien fragile et que je peu rebasculer si facilement au grès des états de ma mère.

je vous remercie bien chaleureusement et sincèrement pour votre bienveillance à toutes les deux.

je vous embrasse en ce beau samedi ensoleillé et venteux.
yves brezh a dit…
Bonsoir Barbara,

Françoise et Gine ont tout dit, je n'en ajouterai pas mais lorsque je me suis trouvé dans une situation un peu semblable, je m'en suis éloigné un peu grâce à mon apn et des balades(même très courtes)pour obliger mon esprit à se concentrer sur un autre sujet et ça m'a bien aidé.
De plus nous serions tous content de voir de nouvelles photos de Barbara qui n'en a plus postées depuis trop longtemps.
amicalement
barbara a dit…
Merci Yves,
je crois que ça reviendra un jour, quand les choses seront plus simples du point de vue perso et aussi dans le monde. J'ai cru que la situation sanitaire me pousserai dans la créativité..; Ce fut le contraire. Mais je continue d'avancer et d'essayer de faire des choses...
J'espère aussi revenir bientôt avec des images.
Merci en tous les cas

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